Lorsqu’il y eut le 7 octobre, le monde entier, et tout particulièrement Israël, fut saisi d’effroi devant l’horreur d’une attaque barbare, sans précédent, perpétrée par le Hamas. En cet instant suspendu, l’humanité entière détourna son regard de ses querelles pour le poser, compatissante et bouleversée, sur ce peuple israélien meurtri. L’indicible sauvagerie de ce groupe terroriste, les hommes du Hamas, avait sidéré les consciences.
Mais dans l’ombre de cette stupeur, il est un nom qui résonne, un acteur qui, loin de se draper dans l’innocence, mérite d’être rappelé à sa part de responsabilité. Benyamin Netanyahou. L’homme fort d’Israël savait, il avait été averti : le risque d’attentat planait, connu, pressenti, et pourtant laissé à l’abandon. Depuis des années, il avait entretenu le Hamas, en stratège cynique, en pompier pyromane qui attise l’incendie pour mieux surgir en héros salvateur. Par cette duplicité, il s’est rendu, en partie du moins, complice du drame du 7 octobre. Il ne s’attendait peut-être pas à une violence d’une telle ampleur, mais l’éventualité d’un acte de provocation lui convenait. Elle lui offrait le prétexte tant attendu pour embraser Gaza, réduire en cendres cette Palestine qu’il hait viscéralement.
Il faut le dire sans détour : ce ressentiment n’est pas celui du peuple juif, ni même de tous les sionistes.
Aujourd’hui, l’époque est à la confusion. On amalgame tout : sionisme, judaïsme, politique de Netanyahou. Je suis sioniste, moi-même issu d’une lointaine ascendance juive, et je sais pourquoi Israël fut fondé à l’aube de la Shoah, au lendemain de l’abîme. Oui, il y eut des maladresses, mais il y eut surtout une légitimité historique, celle d’un peuple sans terre cherchant refuge après l’impensable. Et pourquoi pas ici ? Même si, disons-le, cette terre n’est pas celle de la « Terre promise » selon les Écritures. Car dans la Bible, la promesse faite à Abraham n’est pas univoque : elle embrasse tous ses descendants.
Et ils sont nombreux. Les Juifs, bien sûr, mais aussi les Arabes, les musulmans, les Cananéens de l’antique terre de Canaan. La vision messianique de Netanyahou, étriquée, haineuse, relève d’un intégrisme en miroir de celui des islamistes. De la même manière que l’on condamne, à juste titre, les Frères musulmans et autres fondamentalismes, il faut dénoncer les outrances intégristes de Netanyahou, ce nationalisme dévoyé qui se pare des habits de l’histoire pour mieux commettre l’innommable.
Ce qui se passe en Palestine aujourd’hui est abominable. Cela dépasse la légitime défense. Nous sommes dans la vengeance froide, dans l’acharnement, dans ce que le droit international appelle des crimes de guerre. Une tragédie qui engendre une autre tragédie : un antisémitisme croissant, ravivé dans tout le monde musulman, alimenté par les images atroces diffusées en continu. Les plus jeunes, les moins éduqués, confondent Israël avec les Juifs, Netanyahou avec le judaïsme. Et cette confusion est dangereuse.
Musulmans du monde entier, sachez-le : de très nombreux Juifs, aujourd’hui, s’élèvent contre Netanyahou. Israël est fracturé, au bord de la guerre civile. Des milliers de sionistes veulent le voir chuter, traduit en justice pour avoir sali la dignité de son peuple. Car aucun Juif digne de ce nom ne peut cautionner le massacre méthodique d’enfants, la destruction aveugle de vies innocentes pendant des mois. Ce qui fut une riposte s’est mué en vendetta. Le 7 octobre est devenu, dans ce contexte, un point de bascule dans la folie.
Aujourd’hui, on frappe les hôpitaux, les écoles, les infrastructures vitales. Et que dire du cynisme d’un président américain qui, avec une légèreté désolante, évoque Gaza comme un futur paradis balnéaire pour milliardaires, foulant aux pieds la douleur, la misère, la tragédie d’un peuple en ruines ? Des enfants orphelins, sans maison, sans avenir, grandiront dans la haine. Et cette haine, nous le savons, est une semence funeste.
Ces enfants porteront en eux les stigmates de la guerre, ils en deviendront, malgré eux, les armes futures. Comment comprendre, comment pardonner, quand on n’a connu que le feu, la faim, la peur ?
N’oublions pas non plus l’Histoire. Ce sont les extrémistes proches de Netanyahou qui ont assassiné Yitzhak Rabin, ce grand homme de paix, ce visionnaire qui voulait sceller les accords d’Oslo et faire naître un État palestinien aux côtés d’Israël. Une promesse brisée par la haine.
Il existe pourtant une fraternité biblique entre Juifs et Musulmans. Oui, Abraham eut deux fils : Ismaël et Isaac. Non pas dans le péché, mais dans l’espérance. Sarah, incrédule, demanda à son époux de donner un enfant à Agar. Et c’est Dieu lui-même qui dit à Agar de garder l’enfant. Cet enfant s’appela Ismaël, « Dieu t’a entendu ». Ce n’est pas une faute, c’est une histoire fondatrice. Puis vint Isaac, dont le nom signifie « celui dont on a ri », fruit du miracle divin. Et comme souvent dans la Genèse, les frères s’affrontent : Caïn et Abel, Ismaël et Isaac, Jacob et Ésaü. Ces rivalités disent moins la fatalité que la faiblesse humaine, la convoitise, la soif de pouvoir.
Mais Ismaël et Isaac sont frères. Il n’y a pas de demi-frères quand il s’agit de filiation spirituelle. Et cette fraternité impose, aujourd’hui plus que jamais, le partage de la terre. La promesse divine ne fut pas exclusive. Elle fut universelle pour tous les descendants d’Abraham.
Ce qui se passe à Gaza n’a aucun sens, ni politique, ni biblique. Et il est impératif d’en finir avec ce massacre. Car à chaque bombe, à chaque enfant tué, c’est un futur attentat qui se prépare, c’est un Juif innocent qui sera visé dans une ruelle, en Europe ou ailleurs. La haine engendre la haine.
Il faut marteler, inlassablement : Netanyahou n’est pas le peuple juif. S’il fut élu, c’est parce qu’il a joué sur la peur, en nourrissant le monstre qu’il prétendait combattre. Il est sociopathe, pervers. Il doit tomber.
Et j’en appelle à la fraternité. Tendez la main aux Juifs. Car la grande majorité d’entre eux sont dévastés par ce qui se passe à Gaza. Cela leur rappelle les ténèbres de la Seconde Guerre mondiale, le silence des nations, l’abandon. Ils savent ce que signifie être traqués, exilés, détruits par un fou.
L’espoir réside dans la rencontre. Il faut trouver des alliés en Israël. L’existence d’un État juif n’est pas une négation d’un État palestinien. Il faut se battre pour la solution à deux États, pour la paix, pour la justice. Il faut que Netanyahou réponde de ses actes devant la Cour pénale internationale.
Il faut que la folie cesse.
Didier Buffet
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